A MES FRÈRES DES FORCES ARMÉES DU PAYS By Me Yondo Black
En d’autres termes, les mots
sans assimilation et pratique des concepts
Elle, - a constitution-,
reste une curiosité dans de nombreux pays de l’Afrique subsaharienne, et
particulièrement ceux d’Afrique centrale, en ce sens qu’impliquant que le
pouvoir se conquiert et se conserve non par la force, ou les armes, mais par le
jeu pacifié des rapports politiques conflictuels au travers d’élections
disputées, on assiste plutôt à de loufoques mises en scène avec une totale
absence de régulation juridique entre les différents acteurs politiques en
course. Il s’agit ici de culture démocratique qui devrait consacrer un
processus intelligent et consensuel, avec comme priorité le respect de la
Constitution par tous les acteurs politiques, loin de la violation ou des
contournements permanents des règles existantes à l’occasion des révisions
constitutionnelles, bien loin de l’instrumentalisation dont elle est si souvent
l’objet.
La culture démocratique
suppose également et surtout un effort d’imagination, et particulièrement dans
le cas de l’élection majeure au suffrage universel du président de la
République, chef de l’Etat, pour éviter tout questionnement, toute contestation
au sujet de la légitimité du candidat déclaré élu. Car une élection ne s’arrête
pas au moment du seul vote, ou de la proclamation officielle des résultats, puisque
le socle de la démocratie est la garantie de la capacité à contester librement.
Il est important que le
principe de la séparation de pouvoirs soit respecté, à l’exécutif de gouverner
sous le contrôle du législatif, au législatif de légiférer et au judiciaire de
juger en toute indépendance sans interférence de l’un dans l’autre.
La démocratie implique le
respect du libre jeu des institutions que le peuple s’est librement donné, sachant
que si ce libre jeu n’est pas effectif, cela peut entraîner une révolte qui
peut aller jusqu’à l’insurrection, au refus d’obéissance à des ordres
illégitimes, la désobéissance civile et se posera alors un problème de rapport
de forces qui peut accoucher d’une guerre civile.
Et c’est là toute la complexité
du jeu politique qui reste réservé aux politiciens seuls et à leurs troupes,
parce que s’exerçant dans un champ consacré aux seuls initiés déclarés, fonctionnant
avec des codes admis par les lois et non autorisés à d’autres institutions et
corps non admis.
Ma démarche a été bien
comprise : ce champ n’est ni ouvert à l’armée, ni couvert par celle-ci, et les
années 90 sont là pour nous rappeler que des luttes ont été menées pour consolider
les principes de la démocratie et de l’Etat de droit.
Dans ce jeu des institutions
coexistent les forces armées, l’armée donc. Les « forces armées » sont
responsables de la défense du Cameroun : défense du territoire, défense des
institutions, défense des hommes et des biens face à toutes forces extérieures.
Hormis cela, on dit communément l’armée dans la caserne. Cependant en
revisitant l’histoire récente des pays d’Afrique subsaharienne, on constate
qu’une longue tradition de participation à la gestion du pouvoir a fait des
armées des acteurs politiques incontournables – d’une certaine manière – plutôt
que des groupes socio-professionnels exclusivement en charge de la défense du
territoire national. La vie politique y reste encore rythmée par une intrusion
régulière de l’armée dans le champ politique, alors que le nouveau type de constitutionnalisme
est censé mettre fin à cette ingérence – à un niveau quelconque du processus –
et faire de l’élection, sans ce soutien, la source unique de la légitimité.
Cette intervention périodique
et spectaculaire de l’armée dans le champ politique remet donc en cause le
processus démocratique amorcé depuis la fin des années 90 et conforte l’idée
que l’Afrique serait condamnée aux régimes autoritaires et aux aventures
non-démocratiques. Ce qui ne nous
honore pas !
Il existe une totale incompatibilité
de principe entre la démocratie et la violence armée, même dans le cas de
simples arrestations arbitraires de militants, de journalistes ou de tout autre
citoyen. Ces interventions fragilisent la démocratie, car elles offrent à voir
un goût d’inachevé et donnent l’impression que l’armée est au service d’un
homme et d’un régime.
Et c’est là qu’il faut,
ensemble, crever l’abcès !
Dans l’une de mes
interventions je disais, m’adressant à
nos frères des forces armées face à l’homme de M’voméka qui entendait conserver
vaille que vaille le pouvoir « nous allons désormais lui opposer une nouvelle
forme de résistance inédite en appelant à la responsabilité de l’ensemble des
corps habillés qui doit comprendre que son sort est lié à celui du peuple qu’il
est censé protéger » Nulle part au monde on n’a vu une armée gagner une guerre
contre son peuple. Nos frères de la partie Anglophone posent au Pouvoir un problème politique ; celui-ci
lui oppose la force armée pour que « L’ordre (son ordre) règne par
tous les moyens ». Le dialogue attendu en pareilles circonstances est renvoyé
aux calendes grecques. Jusqu’à quand sera-t-il donc insensible au sang qui coule
? Sans compter l’économie du pays qui court à la ruine.
Les éléments de l’armée ont
tous juré de servir avec honneur et fidélité, et dans ce serment nous entendons
bien : fidélité à la nation, fidélité au peuple, fidélité à la République ! Et
nulle part fidélité à un homme, fût-il le premier d’entre nous.
Nous devons convoquer les relations
du couple ‘’ Armée
et Démocratie ‘’.
Je l’ai déjà dit sous une
autre forme, la structure de l’armée en elle-même doit sortir de la forme
prétorienne. Et nous le savons tous, beaucoup de pays annoncent les couleurs en
baptisant la garde rapprochée du président de la République du nom de « garde
présidentielle » en lieu et place de la « garde républicaine », lui donnant
ainsi l’image d’une force, – soit-dit en passant suréquipée – au service d’un
homme et non constituée pour la défense nationale, et fondée généralement sur
des bases ethniques car constituée majoritairement d’une ethnie, celle du chef
de l’Etat. Je suis même convaincu que l’armée peut, et a l’impérieux devoir de
venir au secours de la démocratie dans certains cas, notamment devant le refus
de certains dirigeants politiques face aux changements revendiqués par la
majorité des citoyens, autrement dit revendiqués par le peuple souverain ou
face aux dérives autoritaires d’un chef d’Etat ; elle apparaît dans ce cas
comme le dernier recours. On a donc dans cette optique deux formes
d’intervention : soit fondatrice, soit correctrice, toutes convergeant vers la
défense et la sauvegarde des intérêts du peuple souverain.
La normalisation du couple ‘’
Armée et Démocratie ‘’ passe nécessairement par la consolidation de la culture
démocratique et aussi par la construction d’une armée au service de la Nation.
Et pour bien illustrer notre propos, empruntons à HUTCHUL (1989) pour qui
l’armée doit être considérée comme
‘’ une entité institutionnelle
comme une autre, comme un microcosme social en lien direct avec la société. C’est-à-dire
un système social et idéologique complexe lié par des discours, des pratiques,
des sociabilités, et qui prend part, comme d’autres institutions, à la mise en
place et à la défense
d’un ordre et de solidarité
dans le cadre d’un processus de construction politique. ‘’
Dans une démocratie digne de
ce nom, l’armée n’est pas et ne saurait être un acteur politique… ou simple
partisan d’un camp dans le jeu politique traditionnel. Elle est soumise au
pouvoir civil et elle doit assurer la fonction que lui assigne la Constitution,
c’est-à-dire la défense de la souveraineté nationale. Car dès qu’elle sort de
ce cadre pour s’immiscer dans le jeu partisan, elle va user de la force légale,
et à un certain degré sa force de feu, dont elle dispose et que lui a déléguée
ce même peuple qu’elle va réprimer pour protéger les intérêts d’un homme et
faire allégeance à un système, à un régime et susciter colère, sarcasmes et
surtout terreur. Et lorsqu’on arrive à une telle situation, c’est le pays tout
entier qui subit une sorte de castration symbolique.
Et c’est toutes ces dérives qu’il
faut éviter à une société en construction et si menacée par les replis
identitaires favorisés et planifiés par l’élite de prébendiers amateurs des
bals de vautours.
Ensemble, nous pouvons y
arriver car ce n’est pas la qualité intrinsèque des hommes de troupes qui est
en cause, encore moins la formation des officiers supérieurs, très souvent issus
des meilleures écoles. Ce qui manque le plus ce sont les motivations et le sens
de la mission qui leur est
confiée.
Et ici aussi la conscience
individuelle est convoquée au regard de l’évolution des Lois et Traités internationaux
qui rappellent la distance critique à observer entre légalité et légitimité
d’un ordre. Cela se passe de tout commentaire !
Il faut envisager dès
maintenant pour nous arrimer à la modernité, et dans le cadre d’une refonte de
l’institution militaire dans son organisation et fonctionnement internes, aller
au-delà de l’amorce des chantiers tels que l’amélioration des conditions de
travail et de vie des militaires, pour aborder celui de ses rapports avec la
société en passant par la professionnalisation pour avoir une armée à la fois
opérationnelle, efficace et républicaine. Il faut absolument changer de
paradigme et tourner le dos au tout répressif de l’armée sur le peuple qui
pourtant l’habille et lui donne à manger, pour qu’enfin l’armée, la police te
les services de renseignements cessent d’être des sources de conflits et
d’insécurité pour leurs concitoyens.
Et pour cela il faut oser la
transformation de fond en comble de l’institution militaire, comme cela s’est
passé en Afrique du Sud postapartheid où l’armée soutenue par des forces armées
pro-gouvernementales se consacrait essentiellement à la défense du système
politique de l’apartheid qui assurait la domination blanche, contre les
mouvements de libération de la majorité noire… et c’était LEGAL !
La transformation opérée et dont
nous pouvons nous inspirer fut adossée sur le principe d’assurer que l’armée,
la police et les autres organes de sécurité mettent au rang de‘’ préoccupation
primordiale ‘’ la SECURITE DE LA POPULATION ‘’, la protection de ses libertés,
de sa sécurité et de l’ordre public.
En Afrique du Sud ce processus
a été accompagné de mesures visant à renforcer le contrôle des autorités civiles
sur ces forces, dont celui du Parlement, tant et si bien qu’au fil des années,
la réorganisation et la formation ont fait de l’armée et de la police des
forces hautement professionnelles qui consacrent leurs efforts à combattre la
criminalité et les autres formes d’insécurité dans le pays tout en contribuant
à des opérations de maintien de la paix internationale en Afrique et dans le
monde.
Faut-il rappeler les éléments
qui ont contribué à accompagner cette mutation ! Un Etat fort, une économie solide et la
gestion de la transition par les Sud-Africains eux-mêmes par une prise en mains
de leur destin.
Sortis ragaillardis de cette
brève escapade en Afrique du sud, comment ne pas oser ensemble autre chose :
écrire au fronton de la République que ‘’ les forces armées sont républicaines,
qu’elles sont au service de la nation tout entière ‘’ ! Jamais, plus jamais
elles ne protègeront un homme, un système, un gouvernement, mais elles
défendront la démocratie, et assureront
la sécurité des hommes et des biens de manière effective, en tout honneur et
avec fidélité… à la nation et à la République !
Les pays du monde viennent de
participer à Paris à une grande messe pour la paix, le Cameroun, notre cher
pays, n’y était pas été convié. N’oublions pas que le monde est
devenu un grand village planétaire, nous ne pouvons pas y vivre en autarcie. L’isolement commence à faire
jour. Prenons-y gare. ‘’Frappe-toi le cœur, c’est là qu’est le génie’’.
J’ai dit./
Ruine
du Constitutionnalisme »
disait Dubois de Gaudusson.
(*) Ancien Bâtonnier de l’ordre
693 05 65 70 – 696 35 92 71
E-mail :
ejengueleyondo@yahoo.fr
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