La visite de Le Drian qui explique pourquoi Christian Penda Ekoka est indésirable par la France
L’actualité marquée par la visite de Le Drian au Cameroun remet
à jour la main basse de la France sur le Cameroun, une attitude longtemps décriée
par Christian Penda Ekoka, président du Mouvement AGIR, allié de Maurice Kamto.
Pour comprendre la crainte de la France après la victoire volée de la coalition
lors de la dernière élection présidentielle, il est important de lire cet
article rédigé au lendemain de la présidentielle.
Le plus gros projet énergétique du Cameroun va démarrer sous
peu, c’est le plus gros investissement français hors de France dans le secteur
de la production hydroélectrique.
Le projet barrage de Nachtigal, négocié par les
fonctionnaires camerounais et la France dans une opacité totale, a été
violemment contesté par le président du mouvement Agir, membre de la coalition
autour de Maurice Kamto président élu lors de la dernière élection
présidentielle. Dans un rapport adressé aux parlementaires, Christian Penda
Ekoka exige la révision des clauses contractuelles entre la France et le
Cameroun sur ce projet qui sera exploité pendant 35 ans par EDF.
Cette sortie du président d’Agir intervient après celle
relative à la loi sur l’électricité adoptée par le parlement camerounais, Penda
Ekoka s’est battu pour qu’elle ne soit pas ratifié par Paul Biya. « Les
multinationales passent généralement par les parlementaires pour leur faire
adopter des lois nocives pour les états, ce fut le cas sur la loi de 2011 sur
l’électricité au Cameroun ».Précise le conseiller démissionnaire
du président Biya.
Dans une vidéo publiée à travers les réseaux sociaux,
l’ancien président français Jacques Chirac faisait des révélations sur la
nature des relations entre la France et l’Afrique «Une grande partie de l’argent qui
est dans notre porte-monnaie, vient de l’exploitation sauvage depuis des
siècles de l’Afrique» Jacques CHIRAC
Jacques Chirac est cité par le député M Dossière dans un
scandale de corruption mettant en cause trois anciens présidents français qui
gagnent tous les ans 6,2 millions d’euros payés par l’état français pour le
rôle qu’ils joué dans le maintien du FCFA en Afrique, un rôle identifié à
travers les réseaux mafieux et de corruption de la France Afrique.
L’arrivée du président Emmanuel Macron a suscité beaucoup
d’espoir chez les africains qui voyaient en lui un président Jeune et moderne,
loin des us et méthodes des anciens, il déclarait au magazine Jeune Afrique «
Je tiens à agir dans la transparence, loin des réseaux de connivence
franco-africains et des influences affairistes encore trop présentes »
Emmanuel Macron.A
Parmi les premiers soutiens de Macron dans sa politique
africaine, Lionel Zinsou, banquier et homme politique. Fervent défenseur du
FCFA, c’est lui qui mettra sur pieds le think thank de Macron pour l’Afrique
dirigé par son compatriote Franco-Béninois Jules-Armand Aniambossou, camarade
de promotion d’Emmanuel Macron à l’Ecole nationale d’administration (ENA).Ce
dernier déclarait : « Tout le monde court vers l’Afrique. Nous avons une proximité qu’il
faut savoir utiliser. A nous d’expliquer pourquoi avec la France ce sera mieux
qu’avec d’autres »
Le FCFA
C’était les 15 et 16 Septembre 2017 dans un entretien
accordé au magazine « Le nouveau Gabon » alors qu’il était en visite au Gabon,
l’ancien premier ministre béninois ventait ce qu’il qualifia de vertus du FCFA,
sa parité fixe.
Le FCFA, « une monnaie qui fait bien son travail », tels
sont les propos de Lionel Zinsou qui, sur la très sensible question de la
parité estimait qu’elle est un avantage considérable pour les économies des
pays qui l’utilisent.
« Il convie les détracteurs du FCFA à bien appréhender la
question de cette monnaie parce que la zone Uemoa reste la région d’Afrique où
la croissance est plus forte depuis bientôt trois ans. Donc contrairement aux
allégations de ceux qui luttent contre cette monnaie, elle n’est pas un goulot
d’étranglement pour les économies des pays de la Cemac ou de l’Uemoa explique
Lionel Zinsou. » Le nouveau Gabon.
Les propos de Lionel Zinsou recevront le soutien du
gouvernement camerounais à travers son ministre de l’économie Louis Paul Motaze
qui disait que le Cameroun gardera le CFA jusqu’à ce qu’aboutisse la mise en
place de la monnaie unique africaine conformément au Traite d’Abuja (1987) dont
le Cameroun est signataire.
Malgré cette sortie du ministre camerounais, Christian Penda
Ekoka alors qu’il était conseiller du président Biya avant de démissionner par
la suite, avait accordé un entretien au journal Cameroun Liberty pour recadrer
Lionel Zinsou
Christian Penda Ekoka lors de sa sortie expliquait que si le
système de parité fixe peut avoir à brève échéance certains avantages en
matière de stabilité et de prévisibilité des coûts des transactions
internationales, son maintien sur longue période sans ajustement peut également
entraîner des effets négatifs en cas de variation importante dans la compétitivité
relative des économies en interaction. « L’illusion de disposer d’une
monnaie forte, sans pouvoir l’ajuster à l’évolution de la compétitivité
relative des économies, entraîne des comportements économiques erratiques
(endettements excessifs et importations inconsidérées, comportements de
rentiers, faible inclination à la production).’’ Explique l’économiste
pour qui par exemple, en maintenant une parité fixe entre le CFA le FF, on
assimile implicitement la structure de production et des échanges des pays membres
africains à celle de la France (aujourd’hui à celle des pays de la zone Euro). « Dans
un tel contexte, les fluctuations subies par l’euro par rapport aux autres
monnaies en raison des interactions économiques, entre les pays de la zone Euro
et leurs partenaires commerciaux, sont automatiquement répercutées sur le CFA.
Cette hypothèse est fondamentalement fausse en raison de la différence du
profil de compétitivité entre les structures de production et des échanges des
économies des pays membres africains des zones monétaires CFA, d’une part, et
ceux de la zone Euro, d’autre part. » Dira-t-il.
Balayant d’un revers de la main les vertus tant ventées du
FCFA par l’ancien premier ministre Béninois, le conseiller du président Paul
Biya va rassurer sur la mort probable de cette monnaie « de
toutes façons, à l’allure des tendances actuelles des courants commerciaux et
d’investissements, dans lesquels s’affirment les pays tels que la Chine,
l’Inde, la Corée, le Brésil, etc., il est à craindre que la zone Franc, dans sa
configuration actuelle, n’apparaisse au fil du temps comme le vestige d’une
autre époque, en décalage avec le vécu des populations des pays membres, en
déphasage avec les réalités du monde, déconnecté des aspirations et attentes
multiformes d’une jeunesse qui forme plus de 80% de la population. »Conclut
Christian Penda Ekoka
VINCENT BOLLORE
Dans sa politique africaine, Emmanuel Macron avait promis de
faire émerger sur le continent africain les PME et autres structures françaises
dans le but de concurrencer la Chine dont son apport en création
d’établissements n’avait pas d’impact significatif dans l’économie.
Vincent Bolloré est le nouveau roi du Cameroun. Il contrôle
les deux infrastructures portuaires du Cameroun, Douala et Kribi, il est le
patron de la communication aérienne par satellite avec Canal Sat, il
contrôlerait la terre avec la TNT. Vincent Bolloré investit dans la
communication et loisirs, actionnaire de Socapalm qui contrôle 98 % du marché
d’huile de palme au Cameroun, il est le patron des chemins de fer du pays.
Depuis son entrée dans la concession du port de Douala
jusqu’à l’acquisition de la Regifercam qui deviendra Camrail, Vincent Bolloré a
toujours vu se dresser devant lui Christian Penda Ekoka .
Consultant du Cameroun et de la Banque mondiale lors de la
concession du port de Douala, Christian Penda Ekoka avait remis en cause tout
le cahier des charges, exigeant sa renégociation, ce qui va aboutir à la
rédaction du document de concession le plus rigoureux parmi les pays du pré
carré français. Ce cahier des charges n’a malheureusement jamais été respecté
par les dirigeants camerounais.
Consultant de l’État du Cameroun lors des négociations sur
le pipeline, Christian Penda Ekoka mettait en avant le volet sous régional de
ce projet qui partait du Tchad pour le terminal flottant de Kribi. L’avenir lui
donnera raison après les accords signés avec le Niger .L’expert en économie de
développement qui avait reçu les félicitations de la Banque mondiale dans la
gestion de ce projet avait sans cesse dénoncé l’opacité dans les négociations
sur le prix du transit du pétrole et la concession du chemin de fer par Bolloré
qui a fait perdre à l’état du Cameroun au profit du concessionnaire français
400 milliards de FCFA sur le transport du matériel.
Christian Penda Ekoka n’a jamais cessé de dénoncer les
clauses contractuelles et le non-respect du cahier des charges dans la
concession ferroviaire, « durant les privatisations, l’on a privilégié la
logique financière au lieu des acquis, pourtant très chers au Chef de l’Etat
qui, après une concertation, l’avait marqué en rouge de deux barres. En
privatisant les chemins de fer, on a oublié l’actif principal, les milliers
d’ingénieurs avec tous les corps des métiers que comportent les chemins de fer,
on a privatisé sans se soucier du devenir de l’investissement humain ». Précise
le président du mouvement Agir.
Nationaliste et intègre, ses prises de positions dans le
traitement des dossiers stratégiques du Cameroun notamment dans les secteurs du
transit du pétrole, la loi sur l’énergie électrique font de lui un personnage
indésirable dans la politique française au Cameroun.
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